Les limites de la gestion sécuritaire de l’extrémisme religieux violent, par Mohamed Mesbah
Les limites de la gestion sécuritaire de l’extrémisme religieux violent / The Limits of Morocco’s Management of Religious Extremism
Par / by Mohamed Mesbah
Mohammed Masbah analyse l’approche marocaine de lutte contre l’extrémisme religieux et ses limites : en effet, les mesures sécuritaires semblent au premier abord relativement efficaces pour empêcher des attaques terroristes majeures, ces politiques ayant été adoptées en réponse aux attentats de Casablanca en 2003.
Cependant l’absence d’une approche globale dans les programmes de déradicalisation qui intégrerait la société civile empêche le pays de faire face à la radicalisation croissante dans les milieux marginalisés.
Malgré le grand nombre de jihadistes et de cellules terroristes mises hors d’état de nuire depuis le début des années 2000 et l’exemple des figures repenties du jihadisme brandies par le régime, le taux important de récidive chez les anciens jihadistes rend la réintégration difficile malgré les efforts déployés pendant la période d’incarcération.
La gestion ultra-sécuritaire de l’État marocain empêche par le contrôle ou la censure que la société civile prenne part à la lutte contre l’extrémisme religieux et les associations non gouvernementales ne souhaitent pas s’engager sur ce terrain glissant, d’autant plus que leurs efforts leurs semblent vains avec la forte propension à la récidive des anciens jihadistes.
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In this course, Mohamed Mesbah analyses the Moroccan State’s approach to fighting religious extremism and the limits of this approach.
Existing security measures appear, at first glance, to be fairly effective in stopping major terrorist attacks, with policies that were adopted in response to the 2003 attacks in Casablanca. But the lack of holistic deradicalization programs––programs that would include civil society––prevents the country from truly confronting and ultimately countering the rise of radicalization in marginalized communities.
While the Moroccan government has disabled many jihadist and terrorist organizations since the early 2000s and made examples of former jihadists who have renounced extremism, the high rate of recidivism among former jihadists makes reintegration into society difficult.
What’s more, Morocco’s high-security State, through different forms of manipulation and censorship, prevents civil society from taking part in the fight against religious extremism. The same reasoning applies to non-governmental organizations, who don’t want to get involved not only because their efforts towards reintegration feel in vain, but also because they would be skating on dangerously thin ice.
English translation by Anna Mitchell
Les avis des participants
« Un cours très riche, une belle ambiance. »
« Une analyse historique pertinente qui donnait des informations importantes. »
« Une séance qui a permis d’aller aux origines de phénomène de terrorisme au Maroc. »
Les points clefs
- une analyse actuelle pertinente des problématiques autour d’un choix politique sécuritaire
- importance d’une approche plus compréhensive de la lutte contre l’extrémisme religieux
- de nombreux enjeux à prendre en compte autour du rôle de la société civile
Mohamed Mesbah
Directeur du Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA) et chercheur associé à Chatham House à Londres, Mohammed Masbah est spécialiste du salafisme, de l’islam politique et des mouvements de jeunes au Maroc et en Afrique du Nord. Il a obtenu son doctorat en sociologie de l’Université Mohammad V à Rabat. Dans sa thèse, il s’est penché sur les processus de radicalisation et de déradicalisation des salafistes marocains depuis les attentats de Casablanca en 2003.
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Director of the Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA) and researcher affiliated with the Chatham House in London, Mohammed Mesbah is a specialist in Salafism, political Islam, and youth movements in Morocco and Northern Africa. He received his Doctorate in sociology from Mohammad V University in Rabat. In his thesis, he delves into the processes of radicalization and deradicalization of Moroccan Salafists since the 2003 attacks in Casablanca.
English translation by Anna Mitchell