Datajournalisme, par Omar Radi
Le datajournalisme – Data Journalism
Par/by Omar Radi
Omar Radi présente la notion de datajournalisme.
Pourquoi parle-t-on aujourd’hui de datajournalisme plutôt que de journalisme ? Le terme de « data » renvoyant aux données numériques, le datajournalisme désigne un type de journalisme qui se fonde sur l’exploitation des bases de données pour en extraire de l’information pertinente et en faire émerger des histoires attractives et intelligibles – par exemple dans le champ de la culture, de l’économie ou de la démographie. Il s’agit de faire parler les chiffres, en se situant à l’intersection de plusieurs domaines : sciences des données, statistiques, outils informatiques, compétences journalistiques et design.
C’est grâce à l’Open Data, c’est-à-dire à l’ouverture des données publiques, que le datajournalisme a vu le jour. En effet, des séries de faits et de statistiques sont aujourd’hui publiées sous leur forme brute, non traitées, non interprétées et protégées par la loi sur le droit d’accès à l’information, ce qui permet aux journalistes de travailler sur ces chiffres afin d’en tirer des analyses.
Au Maroc, c’est en 2016 que le pays a rejoint le Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (OGP) et a créé une interface de données ouvertes (Data Set, silsilat mu‘tayat) : www.data.gov.ma. Il existe également d’autres sources de données relatives au Maroc, comme le HCP, ou Bank Al Maghrib, le Ministère de l’Economie et la Bourse pour l’économie et la finance.
Si le datajournalisme a marqué une évolution du droit d’accès à l’information, l’accès aux données n’est cependant toujours pas reconnu comme un droit universel. Ainsi, un simple citoyen n’est pas autorisé à consulter ces informations, et seul un journaliste justifiant d’une carte de presse peut y accéder. Par ailleurs, la loi sur la sûreté nationale a introduit de nouvelles restrictions, qui compliquent encore l’accès à ces données.
*
In this course, Omar Radi introduces the idea of data journalism.
Why do we talk about “data journalism” today instead of just journalism? With the term “data” referring to digital information, data journalism is a type of journalism that basically uses databases to extract relevant information and seek engaging and meaningful narratives. Story topics can range from the fields of culture, to economics, to demographics. In data journalism, we situate data points at the intersection of data science, statistics, IT tools, and journalistic skills and design.
It’s thanks to Open Data –– meaning, publicly accessible data –– that data journalism was born. As a result, facts and figures are now published in their raw form, not altered or interpreted, and protected by access to information laws. This allows journalists to make their own analyses and draw their own conclusions.
In 2016, Morocco joined the Open Government Partnership (OGP) and created an interface for open data (Data Set, or silsilat mu’tayat in Arabic): www.data.gov.ma. There are also other sources of information on Morocco, like the HCP, the Bank Al Maghrib, and the Ministry of the Economy, Stock Exchange, and Finances.
While data journalism has marked real progress in broadening the public’s access to data, the right to information is still not universal. The average citizen is not allowed to access and use government data –– only journalists with a press card can. What’s more, national security laws have introduced new restrictions, which have further complicated people’s access to information.
English translation by Anna Mitchell
Les avis des participants
« Une séance très dynamique et très riche en informations. »
« Une thématique très intéressante, avec un formateur de qualité et des outils très faciles à utiliser. »
« Beaucoup d’outils pratiques et intéressants accompagnés d’exemples et d’exercices pratiques. »
Les points clefs
- Le datajournalisme, un journalisme basé sur les données numériques.
- Open Data, les données ouvertes.
- OGP, Open Government Partnership, rejoint par le Maroc en 2016 : data.gouv.ma
- Des enjeux stratégiques.
- Des informations de service public pas toujours disponibles : problème des critères, du secret et de la gratuité.
Omar Radi
Journaliste économique passé par plusieurs médias marocains, il obtient le premier prix du journalisme d’investigation IMS-AMJI en 2013 pour une enquête co-réalisée avec Christophe Guguen, sur l’exploitation des carrières de sable au Maroc. Il rend publique en 2016 la liste des Serviteurs de l’État, scandale impliquant d’influentes personnalités publiques marocaines. Il est lauréat de la Thomson Reuters Foundation en 2015.
An economics journalist whose work has been published in many Moroccan media outlets, Radi received first prize in investigative journalism from the IMS-AMJI in 2013 for a study co-authored with Christophe Guguen on exploitation on sand quarries in Morocco. In 2016, he made public a list of “Servants of the State,” which resulted in a scandal involving many influential Moroccan public figures. He was the winner of the Thomson Reuters Foundation prize in 2015.
English translation by Anna Mitchell
Pour aller plus loin
Un ouvrage pratique qui explique comment mettre en relation des données, en extraire de l’information et rendre cette complexité déchiffrable, en s’appuyant sur des études de cas et des visualisations de données extraites de la presse internationale.
Version française du Data Journalism Handbook, cet ouvrage offre un panorama des pratiques du datajournalisme et donne des repères aux étudiants ou aux professionnels qui souhaitent se diriger dans cette voie.
Une websérie dont l’objectif est de rendre compréhensibles toutes les informations qui nous sont données : noms, chiffres, faits, données… En les assemblant et en leur offrant un sens, Data Gueule construit et fait émerger la réalité.