État des lieux de l’égalité au Maroc, par Najat Razi
حالة المساواة بين النساء والرجال
نجاة الرازي
État des lieux de l’égalité entre femmes et hommes
Status of equality between women and men
Par/by Najat Razi
Pour faire l’état des lieux, il faut d’abord clarifier le référentiel. Nous allons étudier les engagements internationaux du Maroc et la réalité des choses. Nous allons parler du rôle de la société civile, discuter les responsabilités de la société. Qui est responsable de la mise en œuvre de l’égalité ?
Nous allons construire ensemble cette connaissance, et nous appuyer sur les interactions pour débattre.
Le contexte
De quoi parle-t-on ? Quels sont les éléments essentiels de notre contexte ? Le Maroc d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a dix ans. Il y a aujourd’hui deux éléments essentiels : la Constitution de 2011 – on parle encore de la « nouvelle » Constitution – et les élections de 2021. Ces éléments sont-ils une opportunité ou une menace ?
Indépendamment d’une lecture politique, par rapport aux engagements pragmatiques d’une activiste sur le terrain, la première chose à analyser est l’harmonisation des textes et leur mise en pratique. Il ne suffit pas de regarder où sont les menaces mais il faut voir aussi où sont les opportunités.
Il y a une différence entre le texte constitutionnel écrit et le texte appliqué. Sans harmonisation, l’État devrait dire clairement qu’il n’est pas pour l’égalité. Or à l’international il clame qu’il est pour. Il y a aussi plus de 13 articles qui portent sur l’égalité. Il y a une avancée malgré les réserves implicites.
Les élections, qu’ont-elle apporté de nouveau ? Le gouvernement précédent était formé de conservateurs, utilisant la religion dans le champ politique. D’autres partis sont conservateurs sans se dire islamistes. Aujourd’hui, le gouvernement se déclare moderniste, libéral, et pro-égalité entre femmes et hommes.
Il y a eu suppression de la liste féminine, mais d’autres dispositifs favorisent la participation des femmes (1/3 obligatoire).
Le contexte marocain est également caractérisé par le modèle de développement et par l’agenda 2030. Il y a aussi des instances comme l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination (APALD), la HACA, des fondations qui s’occupent de l’éducation, de la lutte contre la corruption… qui sont concernées par l’égalité entre femmes et hommes.
Enfin il y a eu la crise du Covid. Qu’est-ce que le Maroc a fait pour faire face à la pandémie : a-t-il pris en compte la situation des femmes ? leur accès aux hôpitaux ?
Les engagements s’évaluent selon des données nationales et internationales.
En mars, il y aura une réunion de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (en anglais Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women,CEDAW). En 2012, en 2016, il devait rendre un rapport, maintenant c’est pour 2022. C’est très important car le Maroc s’est engagé sur la mise en œuvre et doit rendre des comptes sur l’égalité sur tous les plans, selon les indicateurs de la structure.
Autre événement international : Bilan international général : chaque pays droit faire un rapport sur la situation des droits des femmes de façon générale.
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First, we must clarify the frame of reference. We will study Morocco’s international commitments and the reality of the situation. We will talk about the role of civil society, discuss the responsibilities of society. Who is responsible for the implementation of equality?
We will build this knowledge together, and use the interactions to debate.
The context
What are we talking about? What are the essential elements of our context? Morocco today is not the same as it was ten years ago. There are two key elements today: the 2011 Constitution – we still talk about the « new » Constitution – and the 2021 elections. Are these elements an opportunity or a threat?
Independently of a political reading, in relation to the pragmatic commitments of an activist on the ground, the first thing to analyze is the harmonization of texts and their implementation. It is not enough to look at where the threats are, but we must also see where the opportunities are.
There is a difference between the written text of the Constitution and its application. If there is no harmonization, the State should clearly say that it does not support equality. But internationally it claims its adherence to this principle. There are also more than 13 articles that deal with equality. There is a progress despite the implicit reservations.
What new did the elections bring? The previous government was formed by conservatives, who used religion in the political field. Other parties are conservative without calling themselves Islamists. Today, the government declares itself modernist, liberal, and pro-equality between women and men.
The women’s list has been abolished, but other measures encourage women’s participation (1/3 mandatory).
The Moroccan context is also characterized by the development model and the 2030 Agenda. There are also structures such as the Authority for Parity and the Fight against All Forms of Discrimination (APALD), the HACA, foundations dealing with education, the fight against corruption, etc., which are concerned with equality between women and men.
Finally there was the Covid crisis. What has Morocco done to face the pandemic: has it taken into account the situation of women? their access to hospitals?
Commitments have to be evaluated according to both national and international data.
Next March, there will be a meeting of the Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women (CEDAW). In 2012, in 2016, Morocco was supposed to send its report, now it is for 2022. This is very important because Morocco is committed to implementation and is accountable for equality on all levels, according to the indicators of the structure.
Another international event: General International Review: each country has the right to report on the situation of women’s rights in general.
Les avis des participants
« J’ai pu m’exprimer librement sur plusieurs thématiques et concepts, ce qui n’est pas possible dans un contexte académique. »
« Une séance très enrichissante avec une bonne interaction. »
« Une personne fascinante. »
Les points clefs
- La définition et l’analyse des concepts et de la terminologie : discrimination, distinction entre sexe et genre, égalité de genre, égalité des chances, équité, parité
- La définition des critères d’évaluation de l’égalité
- Un tour d’horizon du cadre référentiel : conventions internationales, objectifs de développement durable, Constitution, Code de la famille, de la nationalité, du travail…
- Un état des lieux précis de la situation au Maroc: lois discriminatoires, violences
Téléchargez le cours avec la grille d’autoévaluation ici, et les réponses à la grille d’évaluation là.
نجاة الرازي مناضلة نسائية منذ ثمانينات القرن الماضي انخرطت في صفوف الجمعية المغربية لحقوق الانسان منذ تأسيسها سنة 1979 ، وشاركت في بلورة الأرضيات التأسيسية للجنة المرأة والنضال من أجل الحقوق الإنسانية الخاصة بالنساء ، كما ساهمت من خلال مجموعات نسائية طلابية آنذاك في النقاشات الكبرى المؤسسة للحركة النسائية الحالية.
ساهمت في انطلاق تجربة الاندية النسائية لمحاربة الامية وسط النساء والتي شكلت بدورها مدرسة تدربت فيها العديد من رائدات الحركة النسائية المغربية في النصف الأول من ثمانينات القرن الماضي.
نجاة الرازي من المبادرات الاساسيات إلى تأسيس الجمعية المغربية للدفاع عن حقوق النساء بالدار البيضاء سنة 1992، وترأستها لعدة سنوات، ولا زالت عضوة بمكتبها الوطني.
وساهمت في اطارها في تأسيس مركز فاما للتوعية القانونية بحقوق النساء سنة 1998، ثم مركز حبيبة الزاهي للنساء ضحايا العنف سنة 2010، كما ساهمت في تأسيس مرصد عيون للنساء ضحايا العنللعنف ضد النساء سنة 2006، والذي تحملت مسؤولية منسقته الوطنية من 2008 إلى 2012. وهو مرصد يصدر تقارير سنوية عن وضعية العنف الموجه للنساء في المغرب ( أصدر إلى الآن 10 تقارير من خلال معطيات مراكز الاستماع للنساء ضحايا العنف )
نجاة الرازي خبيرة في مجال العنف المبني على النوع وساهمت في عدة مؤتمرات عالمية معنية بحقوق النساء وأطرت العديد من الندوات والورشات التكوينية في هذا المجال.
نجاة الرازي حاصلة على الدكتوراه سنة 2006، في موضوع: استراتيجيات مقاومة النساء العنف، تحت اشراف الفقيدة فاطمة المرنيسي.
شاركت نجاة الرازي في العديد من التنسيقيات النسائية والشبكات، من بينها المجلس الوطني لتغيير مدونة الأحوال الشخصية سنة 1992، ربيع المساواة من أجل تغيير مدونة الأحوال الشخصية ما بين 2000 و2004، ربيع الكرامة منذ سنة 2010، الربيع النسائي للديمقراطية والمساواة سنة 2011، وفي مجموعة من الديناميات المدنية المتعلقة بالدفاع عن الحريات الفردية والحقوق الإنسانية للنساء.
شاركت في مجموعات البحث التي اهتمت بقضايا المرأة والعنف القائم على النوع الاجتماعي، منها مجموعة « مقاربات Collectif approche » التي أسستها الكاتبة فاطمة المرنيسي وأشرفت على تنسيقها فيما بعد الأستاذة عائشة بلعربي، ومجموعة « لنكسر الصمت » التي كانت تشرف عليها الجمعية المغربية للدفاع عن حقوق النساء ، نشر الفنك ، بتأطير من الفقيدة فاطمة المرنيسي، كما أنجزت مجموعة من الدراسات في إطار « البحث الفاعل » Recherche Action صدرت في شكل كتب جماعية وتقارير مدنية، منها دراسة حول « العنف ضد العاملات الزراعيات بجهة سوس ماسة » سنة 2012 بتعاون مع جمعية نساء الجنوب ، و »النساء السجينات » سنة بتعاون مع اللجنة الجهوية لحقوق الإنسان بالبيضاء سنة2017، و »العنف في عالم الشغل » بتعاون مع الكونفدرالية الديمقراطية للشغل.
Najat Razi
Najat Razi est militante féministe depuis les années 1980. Membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) depuis sa fondation en 1979, elle a participé à la constitution d’un comité pour les femmes et pour la lutte spécifique pour les droits des femmes, et a contribué, avec des groupes d’étudiantes, aux grands débats qui ont abouti à la constitution du mouvement féministe actuel.
Elle initié des clubs de femmes pour lutter contre l’analphabétisme des femmes, qui ont été une école pour un grand nombre de pionnières du mouvement féministe marocain dans la première moitié des années 1980.
En 1992, Najat Razi a participé à la création de l’Association marocaine pour la défense des droits des femmes à Casablanca, qu’elle a présidée pendant plusieurs années. Elle est toujours membre du bureau national.
Elle a participé à la création du centre Fama de sensibilisation juridique aux droits des femmes en 1998, puis du Centre Habiba Zahi pour les femmes victimes de violence en 2010 et à la création de l’Observatoire Oyoun Lilnissa’ de la violence à l’égard des femmes, dont elle a été coordonnatrice nationale de 2008 à 2012. Cet observatoire publie des rapports annuels sur la situation de la violence à l’égard des femmes au Maroc. À ce jour, dix rapports ont été produits sur la base des données des centres d’écoute pour les femmes victimes de violence.
Najat Razi est experte dans le domaine de la violence basée sur le genre. Elle a participé à plusieurs conférences internationales sur les droits des femmes et a animé plusieurs séminaires de formation et ateliers sur ce sujet.
Elle a soutenu en 2006 son doctorat sur les « Stratégies de lutte contre la violence à l’encontre des femmes », sous la supervision de feue Fatima Mernissi.
Elle a pris part à de nombreuses coalitions et réseaux féministes, dont le Conseil national pour la réforme du Code du statut personnel en 1992, le Printemps de l’Égalité pour la réforme du Code du statut personnel de 2000 à 2004, le Printemps de la Dignité depuis 2010, le Printemps féministe pour la démocratie et l’égalité en 2011, et à plusieurs dynamiques citoyennes pour la défense des libertés individuelles et des droits des femmes.
Elle a aussi participé à divers groupes de recherche sur les questions des femmes et de la violence basée sur le genre, notamment : le Collectif Approche, fondé par Fatima Mernissi et coordonné par Aïcha Belarbi ; la collection Brisons le silence, initiée par l’Association marocaine pour la défense des droits des femmes et publiée chez Le Fennec sous la direction de Fatima Mernissi ; une série d’études dans le cadre de Recherche Action, publiées sous forme d’ouvrages collectifs et de rapports, dont une étude sur La violence à l’égard des travailleuses agricoles dans la région de Souss-Massa en 2012, coréalisée avec l’Association des femmes du Sud, ainsi que Prisonnières, avec le Comité régional pour les droits de l’Homme à Casablanca en 2017, et La violence dans le monde du travail, avec la Confédération démocratique du travail.
Najat Razi has been a radical feminist since the 1980s. A member of the Moroccan Association for Human Rights (AMDH) since its founding in 1979, she helped write the constitution of a committee on women’s rights and contributed, alongside students, to the debates that have helped shape the current feminist movement.
She founded women’s groups to fight against illiteracy among women, which became a sort of training school for a large number of pioneers of the Moroccan feminist movement in the early 1980s.
In 1992, Najat Razi helped create the Moroccan Association for the Defense of Women’s Rights in Casablanca, which she presided over for many years. She remains a member of the national bureau.
She also helped found the Fama Center for Judicial Education on Women’s Rights in 1998, the Habiba Zahi Center for Women Victims of Violence in 2010, and the Oyoun Lilnissa’ Observatory on Violence Against Women, for which she served as National Coordinator from 2008 to 2012. The Observatory publishes annual reports on violence against women in Morocco. To date, they’ve released 10 reports based on data from hotlines for women victims of violence.
Najat Razi is an expert on gender-based violence. She has participated in multiple international conferences on women’s rights and has given many lectures and workshops on the subject.
In 2006, she wrote her doctoral thesis on “Strategies of Resistance to Violence Against Women,” under the mentorship of the late Fatima Mernissi.
She has had a role in numerous feminist coalitions and resource groups, including the National Council for the Reform of the Code on Personal Status in 1992, the Spring of Equality for the Reform of the Personal Status Code from 2000 to 2004, the Spring of Dignity since 2010, and the Feminist Spring for Democracy and Equality in 2011. She has also collaborated with many dynamic women fighting for individual freedoms and women’s rights.
Razi has also taken part in diverse research projects centered on questions on women and gender-based violence, most notably: the collective Approach, founded by Fatima Mernissi and managed by Aïcha Belarbi; the “Let’s break the silence” anthology, initiated by the Moroccan Association for the Defense of Women’s Rights and published by Le Fennec under Mernissi’s guidance; a series of Action Research studies, published as collective works and reports, including Violence Against Women Agricultural Workers in the Souss-Massa Region published in 2012 in collaboration with the Association of Women of the South, Women Prisoners in 2017 with the help of the Regional Committee on Human Rights in Casablanca, and Violence in the Workplace, with the Democratic Labor Confederation.
(English Translation by Anna Mitchell)